16 - Pêche en mer d'Andaman
Avant que les hôtels n'envahissent le sud de la Thaïlande, la pêche constituait pratiquement l'unique source de revenus en mer d'Andaman. Comme précédemment expliqué, beaucoup de pêcheurs se sont reconvertis en "taxi de mer" pour les touristes et mettent leurs "'longs tails" à disposition des resorts pour diverses activités nautiques.
Nous n'avons pas parcouru une dizaine de milliers de kilomètres pour faire la crêpe en bord de piscine alors, aujourd'hui, nous nous essaierons à la pêche en mer. Comme pour les autres jours, notre première appréhension est de savoir combien de personnes auront choisi la même activité et, comme à chaque fois, nous serons agréablement surpris de constater que la politique de l'hôtel est de limiter le nombre de participants afin de nous faire vivre des expériences uniques.
Il y a quelques jours, France et moi avions eu un fou rire en croisant un grand gaillard dans les allées du resort. Loin de nous l'idée de nous moquer mais la démarche du gars était trop tordante, il se promenait toujours avec le torse bombé en avant et le cul remonté et fort en arrière...
Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? :
Et bingo !!! Qui nous accompagnera pour cette sortie en mer ? Notre "Aldo Maccione" et sa jeune épouse. L'homme est volubile et, à peine monté dans notre embarcation, il entame la conversation et c'est ainsi que nous apprendrons qu'il est Australien (comme beaucoup de touristes dans le coin) et qu'ils sont "jeunes mariés". En dehors de sa démarche particulière, il est quand même assez spécial notre type car il embarque avec un pantalon (certes court mais plus approprié au restaurant en soirée qu'à la pêche) et une chemise très habillée... Sa moitié lui correspond bien car, elle aussi, est plutôt en décalage par rapport à une activité de pêche en mer... Soit, ils sont sympas et souriants mais lorsque nous marchons ensemble, il vaut mieux qu'ils soient derrière nous que devant sinon France ne peut s'empêcher de rire...
Notre "pêcheur taximan" jette une première fois l'ancre, prépare nos lignes et appâts en découpant de petits morceaux de calamars. Ne soyons pas naïfs non plus, il nous emmène là où l'on peut prendre quelques poissons (pas trop gros) mais sans plus et sans dévoiller ses secrets de marin...
Bref, France est la première à lancer sa ligne et à peine deux minutes après, elle crie :"j'ai un poisson, papa vient vite, j'ai un poisson !". On y croit pas trop et la regardons en souriant quand au bout de quelques secondes on aperçoit un petit mérou d'une quinzaine de centimètres se dandiner au bout de sa ligne...
Quelques minutes plus tard, ce sera à mon tour d'en sortir un et ensuite, France puis, Catherine... Vous l'aurez compris, rien ne mord à l'hameçon de nos Australiens "endimanchés"... Au bout d'une heure, nous en avons pris dix sous un soleil de plomb. Catherine avait d'ailleurs opté pour une place à l'ombre afin de taquiner le poisson...
Ne supportant pas l'idée d'être responsable de la condamnation à mort de ces poissons, Catherine a directement annoncé qu'elle pratiquait le "No Kill"... Ce qu'a très bien compris notre capitaine qui sera subitement atteint d'Alzheimer à chaque fois que Catherine sortira un plus gros poisson.
Le capitaine de bord ne s'attendait visiblement pas à une telle pêche car, à chaque poisson, il arborait un sourire de plus en plus franc, d'autant qu'il sait que le contenu de la bourriche constituera son repas du soir ainsi que de sa famille. A l'hôtel, ils semblaient marcher sur des oeufs lorsque nous avions réservé la journée de pêche et nous avaient prévenu que parfois on revenait bredouille ou presque...
France s'extasie en voyant sa prise :
http://www.youtube.com/watch?v=fKwIGANqgGo
Le deuxième poste sera moins généreux mais nous sortirons tous au moins un poisson sauf... nos copains Australiens. A plusieurs reprises, j'ai entamé la discussion sur des sujets divers mais "Aldo Maccione" est manifestement très irrité du manque d'intérêt des mérous pour leurs hameçons. Il ne me parle plus et se contente de "Yes", "No", "Perhaps..." suivi de lourds silences... Oups ! Heureusement, quelques minutes plus tard, ils sortiront cinq ou six poissons papillon dont se méfie farouchement notre guide lorsqu'il décroche l'hameçon. En effet, quelques années auparavant, il s'est fait piquer par une épine de ces derniers et a ressenti de vives douleurs durant quatre heures. Comme par enchantement, dès après leurs premières prises, "Aldo" et sa compagne on retrouvé le sourire et... la parole. Un temps, j'ai cru devoir proposer une nouvelle expression à l'Académie Française et, en lieu et place de "muet comme une carpe", on pourrait dire " muet comme un mérou"...
Dans de plus grands fonds, nous aurions certainement pu nous mesurer à de plus gros mérous mais ce n'était apparemment pas le but recherché ici bien que cela m'aurait beaucoup plu... Le mérou est un poisson vivant aux abords des fonds rocheux et à chaque fois que, vorace, il se jette sur notre appât, son premier réflexe est de se cacher sous une anfractuosité rocheuse. La difficulté est donc de ferrer l'animal rapidement avant qu'il ne s'y abrite sinon, dans 90% des cas, vous casserez le bas de ligne en essayant de l'en déloger ! Après avoir cassé plusieurs fois, nous nous sommes rendus compte que ma ligne était complètement pourrie et qu'à la moindre résistance, celle-ci se rompait directement. Notre embarcation ne comptant que cinq cannes, j'ai hérité d'une ligne de fortune dont se contente généralement les pêcheurs du coin. Un gros bidon avec une grosse ligne... et ça marche ! Bien qu'ici je ne sors qu'un échantillon de corail, mais sans casser !!!
Comme pour chaque activité, l'hôtel a prévu un petit casse-croûte fait d'une tartine de pain de mie avec du poulet, d'une petite salade avec un dressing et des fruits. Très très frugal mais amplement suffisant au vu des petits-déjeuners que nous avalons...
Généralement, pour le repas, on nous dépose sur un petit banc de sable paradisiaque assez vierge de toute empreinte humaine mais, là, j'avoue que notre guide n'a pas du tout le même sens du paradis ou, tout simplement, voulait-il nous montrer les conséquences désastreuses du tourisme à outrance et surtout peu respectueux de l'environnement... La plage sur laquelle nous jetons l'ancre est semblable à toutes les autres mais dès que vous vous aventurez un peu à l'intérieur de l'île, le spectacle est désolant. C'est une véritable décharge à ciel ouvert. Bouteilles en plastique, bidons et déchets en tout genre jonchent le sol.
http://www.youtube.com/watch?v=MjdwGWVA3p8
En parlant de cette plage, nous repensons à un autre site très connu au large duquel nous sommes passés lors de notre journée en kayak. Site merveilleux mais complètement gâché par les retombées médiatiques du film : "L'homme au pistolet d'or"
Site tel qu'il est présenté :
La réalité est tout autre, le site est envahi par les yachts et "boats people" des resorts de Phuket. La moindre parcelle de sable est occupée par des baraquements où vous pouvez acheter tous les souvenirs les plus "kitch" possibles. Allergiques à ces dérives, au même titre que nos compagnons de sortie, nous n'avons pas souhaité participer à ce cirque mais notre petit jeu consistait à arriver à prendre une photo du rocher sans y voir de bateaux ou de cabanes...
Malgré ces quelques images déprimantes, nous garderons un excellent souvenir de cette journée durant laquelle nous avons encore une fois beaucoup ri tous les trois...
La journée de pêche s'achève et il est possible de reprendre les poissons afin de demander au chef coq de les préparer à l'hôtel. Mais, ce soir, c'est buffet poissons et crustacés... et cette bourriche bien remplie semble tellement faire plaisir à notre guide que nous les lui laissons volontier. Par contre, nous l'apprendrons plus tard, nos amis Australiens, n'ayant pas l'intention de payer un repas en soirée, on décidé d'en reprendre plusieurs... entre autres les plus gros péchés par nos soins... Notre pauvre guide devra donc se contenter de menu fretin...
17 - Snorkeling à Krabi
Un peu déçu du manque de diversité lors de notre première journée consacrée au snorkeling (lire : "Frayeur à Koh Phak Bia Island"), nous avions décidé de partir visiter les récifs de coraux autour de Krabi dont on nous avait vanté la beauté. Sur la photo de couverture de l'article, vous constaterez que l'excursion nous était entièrement consacrée et que pour bien faire les choses, Catherine et France jouissaient de places VIP à l'avant du "Long Tail".
Notre guide du jour était un jeune villageois de 25 ans. Il était génial, toujours souriant, avait appris son anglais grâce aux touristes. Toujours aux petits soins, il aimait beaucoup France. Il nous a raconté avoir une fille de 7 ans mais s'étonnait de l'aisance de France dans l'eau. Il ne la quittait jamais d'une palme afin de lui montrer un maximum d'espèces différentes.
Nous y avons vu pléthore de "zancles cornus" (cf photo ci-dessus) que vous connaissez sûrement mieux sous le nom de "Gill"; le poisson leader de l'aquarium du dentiste dans "Némo". De nombreux poissons clowns, jamais bien loin de leur anémone. Des coraux qui se remettent doucement du tsunami de 2004, des bénitiers énormes, nos habituels poissons tigre et papillon, ainsi qu'un tas d'autres poissons dont je ne peux vous donner le nom.
Contrairement à notre journée dans la montagne à dos d'éléphant et en rafting, ma caméra a décidé de refonctionner plus ou moins normalement... La qualité n'est cependant pas au rendez-vous et les couleurs n'apparaissent malheureusement pas sur les clichés ci-dessus. La réussite de cette journée revient entièrement à notre souriant "Jeep" qui connait la baie comme sa poche et les moindres cachettes de ses habitants... A chaque fois que nous plogerons du bateau, il nous emmenera sur un spot où, à 100%, on verra un poisson différent.
Le clou de notre journée fut sans conteste la rencontre avec le célèbre "Fugu", vous savez ce poisson tant apprécié des Japonais. C'est également lui qui se gonfle pour tripler de volume quand il se sent en danger. Mon piètre équipement ne me permet pas de partager cette expérience avec vous mais, croyez-moi, c'était magique !.
J'ai juste deux secondes de sa fuite à notre approche... :
http://www.youtube.com/watch?v=WfEIOv8IlYA
Toute la journée, nous croiserons la route de "boats people" qui s'arrêteront en lachant une bonne cinquantaine de touristes avec gilets de sauvetage et ne quittant pas les abords de leur bateau. "Jeep" nous dira toujours : "Là-bas il n'y a rien..." et nous emmenera exactement où nous profiterons seuls de notre plongée. Il emmenera France partout et, à chaque fois, plongera en apnée pour lui montrer ce que l'oeil non averti ne voit pas. Parfois même, il délogera doucement l'une ou l'autre espèce de leur cachette afin que nous puissions l'admirer.
En fin de journée, France nagera en plein milieu d'un banc de poissons tigre que "Jeep" excitera en lançant des morceaux de pain près de France. Elle subira un vrai massage de la part de ces milliers de poissons qui viendront par moments lui becqueter le dos.
Vidéo de France avec les poissons tigre :
http://www.youtube.com/watch?v=L4wOBSXNlww
"Jeep" nous montrera également quelques îles curieuses comme "Chicken Island"....Vous devinerez facilement pourquoi...
Ou encore l'île "bateau" que vous voyez ci-dessous entre les deux grandes îles :
La journée passée dans l'eau fut épuisante pour France qui a dormi durant l'heure qu'a duré le trajet de retour vers l'hôtel.
Quant à Catherine, malgré les précautions prises en nageant avec un de mes t-shirts, le soleil lui a brûlé les fesses et, dès son retour à l'hôtel, elle en a subi les conséquences. Gros coups de soleil, frissons, maux de tête,... une bonne douche, un petit massage de France pour réhydrater sa peau et zou au dodo pour récupérer... France et moi sommes donc allés manger en tête à tête au restaurant de la plage.
Pour bien digérer, nous profiterons d'un hamac en bord de mer, sous les palmiers en regardant passer les immenses chauves-souris... Pour ne rien gâcher de notre plaisir, ni elle, ni moi n'évoquerons le fait qu'il s'agit de notre dernière soirée en Thaîlande...
Le dernier article relatera notre retour en Belgique, ainsi qu'un bilan de cette première et magnifique expérience Asiatique... A suivre.