18 - Retour et bilan de notre voyage.
Avant d'entamer le bilan de notre premier contact avec le continent Asiatique, je vais vous parler de notre retour en Belgique qui fut, de tous nos déplacements, le plus éprouvant. L'aspect psychologique jouant certainement un rôle majeur dans ce ressenti.
Compte tenu des marées, le bateau reliant la petite île de Koh Yao au port de Phuket devait lever l'ancre, au plus tard, à 16h00. Après avoir effectué le check-out à 12h00, nous nous sommes installés dans un petit salon en plein air devant la piscine. J'en ai profité pour rédiger un article du blog pendant que Catherine surfait sur un des ordinateurs de l'hôtel à la recherche de renseignements précieux pour un prochain départ et que France batifolait dans la piscine avec une petite Française qui venait de débarquer. A seize heure tapante, une golfette embarquait nos bagages pour les emmener au bateau. Le bagagiste nous avait demandé si nous désirions nous y rendre à pied ou dans son véhicule. Pour profiter pleinement des derniers instants sur l'île, nous avions choisi de décliner son offre, ce qui nous a permis de croiser de nombreux Thaïs parmi le personnel, de les saluer et d'échanger un dernier sourire avant notre départ...
Le capitaine, un Fangio des mers, nous a gratifié, moteurs à plein régime, de gros démarrages et virages serrés qui ont donné quelques franches rigolades à France. Ces instants amusants furent les derniers "bons souvenirs" de Thaïlande car la suite sera nettement plus fatigante... En effet, notre vol était prévu à 23h55 et le minibus nous a déposé vers 17h30 à l'aéroport de Phuket. Dans toute l'organisation de la quinzaine, ce dernier jour fut, sans aucun doute, le moins bien pensé. Pour vous donner une petite idée, avant d'avoir pu enregistrer vos bagages, sachez que l'aéroport de Phuket est grand comme... un demi terrain de foot. Il y a un libraire, 3 très petites échoppes de souvenirs, un kiosque qui réchauffe des quartiers de pizza au micro-ondes et un genre de fast food avec 5 tables où un simple burger coûte 10 à 12€ !!! L'enregistrement débutant vers 22h30, je vous garantis que ces 6h ont semblé durer une éternité. En prévision de ce genre d'attentes interminables, j'avais acheté deux DS pour faire passer le temps à France et pouvoir jouer avec elle. N'étant pas très fan de consoles et autres pc, gsm, tablettes,... elle s'est vite lassée. Heureusement, dans une petite boutique de souvenirs, j'ai dégoté 2 jouets en bois qui amusent bien plus Puci (Petit surnom de France qui se prononce Pouchi) et grâce auxquels nous avons un peu tué le temps. Comme partout, après l'enregistrement, nous avons enfin accès au "Duty free"... Malheureusement guère plus grand... quelques boutiques supplémentaires ne vendant que des produits de luxe. La climatisation, très forte, voulait certainement nous préparer à ce que nous allions devoir endurer quelques heures plus tard... En effet, à peine entrés dans l'avion, nous avons ressenti un gros coup de froid. Tous les passagers s'en sont inquiètés et plusieurs en ont fait la remarque aux hôtesses qui ont demandé au commandant de bord de la baisser, mais rien n'y a fait. Pour couronner le tout, France avait chopé une bactérie et cinq minutes après le décollage, elle a vomi mais, heureusement pour nous, en ayant le bon réflexe de le faire dans le sac prévu à cet effet. Cela nous promettait un vol très pénible car en quittant Phuket nous redescendions d'abord en Malaisie afin d'embarquer quelques passagers à Kuala Lumpur et redécoller pour une escale à Doha au Qatar le tout en plus de 7h. Probablement drillées au moindre signe de maladie "suspecte" et, pour éviter toute contagion possible, les hôtesses sont venues, à plusieurs reprises, s'assurer que France n'avait pas de température et ne montrait aucun autre signe que ses vomissements. La responsable, insistant quelque peu, nous a demandé si nous ne devrions pas voir le médecin à Kuala Lumpur en me disant que le commandant de bord pouvait en faire la demande par radio pour qu'il vienne osculter France. Bien entendu, on est jamais à l'abri mais n'ayant pas l'habitude d'aller chez le médecin à la moindre indigestion ou autre petite rhinopharyngite et, connaissant bien notre louloute, nous nous sommes contentés de soulager la puce avec quelques Ercéfuril et Buscopan. Malheureusement, nous étions à cours de Gabbroral.
Aparté :
Pour ceux qui se poseraient la question de savoir si nous nous trimbalons avec une pharmacie complète, il est intéressant de lire un article que j'avais écrit lors de notre premier voyage. Avec quelques connnaissances de base que l'on peut apprendre de voyageurs expérimentés et que l'on peaufine auprès de son médecin traitant, il est possible de prévoir une petite batterie de comprimés qui prendront très peu de place et vous éviteront de gâcher vos vacances en faisant face à la plupart des petits tracas qui ne nécessitent pas toujours l'intervention d'un médecin. Sans pour autant tomber dans l'excès inverse et l'automédication mais en restant attentif aux signes alarmants. Depuis lors, notre pharmacie s'est considérablement amenuisée pour se concentrer essentiellement sur les soucis les plus courants que l'on peut rencontrer en voyage : désinfectants (intestinal, plaies et mains), paracétamol, spray désinfectant pour la gorge, un décongestionnant, un antihistaminique, un anti-inflammatoire et du répulsif tropical. Il est important également de prévoir les comprimés à dissoudre directement sous la langue quand cela est possible, ils sont plus petits et plus simples à ingérer. La lecture critique et le croisement de récits de voyageurs ayant fréquentés les régions dans lesquelles vous désirez vous rendre ainsi que la confirmation auprès de votre généraliste, vous éviteront énormément de stress inutile, contribueront à votre bien être et à la réussite de votre périple...
Ce retour fut interminable et nous étions littéralement frigorifiés. Heureusement que l'avion n'était pas complet et que j'avais pu subtiliser plusieurs couvertures sur des sièges vides. Par contre, lors de notre escale au Qatar, nous n'avons pas eu le temps de flâner et avons juste eu le temps de rejoindre la porte d'embarquement à destination de Zaventem où notre charmant chauffeur du premier jour nous attendait patiemment.
Bilan :
Sans hésitation et à l'unanimité, nous ne regrettons en rien nos choix quant à l'organisation du voyage. Le côté privatif nous a permis de découvrir des endroits non pervertis par le tourisme de masse (sauf lors du séjour balnéaire) et de rencontrer des personnes pour qui un touriste représente encore une rencontre enrichissante avec une autre culture et non un "portefeuille sur pattes"... Cette découverte s'est faite en favorisant de petites entreprises locales et non de grosses multinationales, ce qui, par moment, nous a garanti une certaine authenticité dans les rapports au quotidien et, à d'autres, la jouissance d'endroits luxueux même si cet aspect peut paraître indécent au regard des conditions moyennes de vie des Thaïlandais.
Seule ombre au tableau, notre séjour balnéaire. En effet,même s'il s'est très bien déroulé sur une île paradisiaque, nous aurions, de loin, préféré passer une semaine de plus à la rencontre des montagnards du nord de la Thaïlande. Tout d'abord, il faut reconnaître que nous avons dépensé beaucoup plus lors de cette semaine que durant les deux premières. De plus, contrairement à nos désirs, cet argent a malheureusement été dépensé au profit d'un investisseur Européen. Certes, nous avons profité de la beauté des lieux mais n'avons pas appris grand chose sur la vie locale. Même la nourriture Thaï était revue et corrigée à la sauce Européenne et Américaine afin de satisfaire la clientèle. Bref, et sans trop exagérer, une semaine dans un fastueux hôtel en Espagne proposant une restauration asiatique aurait été équivalente...
La Thaïlande comme première destination asiatique nous semble, après coup, avoir été judicieux. Il s'agit d'un des pays les plus visités mais qui conserve, néanmoins, certaines régions intactes à condition de sortir des sentiers battus et d'éviter les pièges à touristes vendus par les tours opérateurs. Probablement, aurions-nous été déçus de la Thaïlande ou moins impressionnés si nous avions commencé par des pays plus vierges de touristes.
L'Asie... oui, oui et mille fois oui. Malgré notre éducation judéo-chrétienne (comme se plait à le rappeler mon cher beau-père), nos convictions bouddhistes nous rapprochent indéniablement du mode de vie et de pensée asiatique. La gastronomie saine et équilibrée nous plait énormément. La beauté des grandes étendues naturelles encore conservées (attention, celles-ci diminuent dangereusement...) nous apaise. Le respect de la vie, de l'autre et des différences nous change des mentalités de nos sociétés européennes gouvernées par la compétition, la rivalité et la jalousie. Bien entendu, tout n'est pas rose car l'Homme reste l'Homme quelle que soit la latitude, l'histoire a également été marquée par des atrocités mais, l'un dans l'autre, la mentalité asiatique nous correspond à un point tel que Catherine et moi nous voyons bien finir notre vie dans l'une de ces contrées. L'Asie nous a littéralement métamorphosés et, depuis notre retour il y a déjà 9 mois, nous vivons beaucoup plus sainement et sereinement. Quoi qu'il arrive, nous restons plus "zen" et relativisons les évènements. Naturellement et sans le vouloir, les Thaïs nous ont réveillés. La dizaine de clochettes achetées sur un petit marché local, identiques à celles qui ornent les temples bouddhistes, pendent depuis sous nos corniches et bercent nos moments de relaxation et de méditation.
L'Asie nous a tellement plu qu'il nous est difficile d'imaginer partir autre part. Alors, avant d'y revenir, au risque de ne plus vouloir aller ailleurs, nous avons décidé de nous envoler vers l'ouest Américain avec escale à New York en 2014. Ensuite, nous envisageons de visiter des pays comme la Birmanie, le Laos, le Vietnam,... avant de découvrir le pays qui nous passionne par dessus tout mais pour lequel je dois encore attendre de maîtriser un peu la langue; le Japon...
Plusieurs personnes m'ont dit que l'on pouvait très bien découvrir d'autres pays et cultures grâce aux livres, à la télévision et à internet. C'est vrai mais très limité car on les découvre alors à travers l'oeil de l'écrivain, du réalisateur d'émissions télévisées ou du quidam sur internet et non directement avec nos propres ressentis. C'est un peu comme décrire la beauté de la vie à un aveugle et lui demander si c'est suffisant ou s'il préférerait la voir de ses propres yeux... D'autre part, les voyages nous permettent de découvrir un tas de choses mais avant tout de nous découvrir nous-même et cela, aucun livre, ni aucune émission ne pourront le faire...