Pacific Coast Highway 1

IMG_1979

 

Comme précisé en terminant notre post sur « Frisco », c’est après une courte, très courte nuit même que nous mettons le cap vers la « Pacific Coast Highway 1 » plus simplement appelée « Highway 1 ».

Construite en 1934, elle longe la côte pacifique sur plus de 880 km et est connue pour ses vues plongeantes sur l’océan.  Quand on dit « longe », c’est au sens propre du terme car plus près de l’océan c’est « dans l’océan »…  Il est préférable, surtout la nuit, de ne pas avoir un petit verre dans le nez si on ne veut pas se retrouver quelques dizaine de mètres plus bas.  Catherine et France ont d’ailleurs eu quelques frayeurs en fin de journée…

Pour l’heure, c’est au lever de soleil que nous abordons les premiers lacets de la route à la recherche d’une incontournable nouvelle expérience de petit-déjeuner à l’Américaine.  A peine sortis de San Francisco nous nous arrêterons en bordure de route chez un petit épicier où nous espérons trouver de quoi nous restaurer.  La « scenic route » ne nous offre pour l’instant que de piètres vues surtout lors de la traversée de bourgades implantées çà et là et plutôt comparables à des « townships ».  Le petit commerce est tout aussi déprimant.  Nous le quittons rapidement sans pouvoir nous restaurer.  Jamais déçus par nos petits déjeuners dans les stations essence, nous décidons de nous arrêter à la suivante d’autant que notre jauge réclame également un ravitaillement.  Il n’y a pas le feu, l’ordinateur de bord indique une autonomie d’une bonne centaine de « miles » (plus de 160km).  Un peu plus loin, une pancarte indique qu’une station essence se situe à 20 miles…  Hummmm on va bientôt manger…  30 miles plus loin toujours aucune station en vue.  Aurait-on été distraits ?  No stress, une nouvelle indication renseigne une station à environ 40 miles.  La jauge diminue mais on a encore de quoi voir venir.  L’inquiétude croît, non pas que nos estomacs crient famine mais, sans pompe, c’est à pied que nous devrons poursuivre notre route…  Au passage d’une sortie de la Highway j’aperçois une toute petite pancarte avec un dessin d’une pompe essence... Et oui, rien sur la route principale mais sur le bord de la sortie et effectivement à l’échéance des 40 miles…  Nous venons donc de comprendre que nous aurions du sortir au bout de 40 miles comme indiqué.  Trop tard, impossible de faire demi-tour et l’ordinateur de bord indique  « ---M», autrement dit moins de 30 miles ! Nous croisons les doigts en espérant qu’une sortie se présentera avant l’arrêt du véhicule et que nous trouverons un petit bled avec pompe.  Avant de rejoindre l’océan, la Highway 1 est vallonnée depuis San Francisco.  Pour diminuer notre consommation, je m’efforce d’éviter tant que faire se peut les variations de vitesse.  Notre salut viendra d’un petit hameau appelé « Scott’s Valley ».  Non seulement l’endroit est pourvu de 2 pompes mais l’une d’entre elle est voisine de « Auntie Mame », une enseigne familiale vantant la réputation d’un petit déjeuner servi toute la journée depuis plus d’un siècle…  L’endroit est tout simplement remarquable et, gage de qualité, on fait la file jusqu’à l’extérieur malgré une petite pluie… 

aunte mame's scott's valley

Aunte Mame's Scott's Valley 2

L’établissement est complet et une fois la porte franchie on fait face à une petite ardoise sur un trépied où, à la craie, on inscrit son nom et le nombre de personnes.  Chaque fois qu’une table se libère on vient vous chercher et la maîtresse des lieux efface ensuite votre nom.  Le restaurant n’est fréquenté que par des locaux et de rares étrangers qui, comme nous, semblent y avoir atterri par pur hasard…  Au mur, un vieux tableau reprend les tarifs d’époque comme le café à quelques cents ou le steak pour moins de deux dollars.   Nous prendrons le plus copieux de nos petits déjeuners américains et dégusterons ainsi des french toasts avec assortiment de confitures, des pancakes avec différents sucres, chocolat, miel et sirop d’érable, des saucisses, du bacon, des œufs sur le plat, des œufs brouillés et un gros steak haché avec une sauce tomate pimentée.  Comme partout ailleurs, le café est à volonté.

IMG_1697

IMG_1696

Repus, nous reprendrons la direction de l’océan où nous attendent de grosses otaries dans la petite ville de Monterey.   Cette ancienne capitale de la Californie jusqu’en 1849 est réputée pour abriter un des plus grands aquariums des Etats-Unis,  ainsi qu’un centre de recherche scientifique sur la faune océanique qui profite de la biodiversité offerte par un canyon sous-marin situé juste au large de ses côtes.   Centre de la pêche à la sardine et de l’industrie de conserves jusque dans les années 1950, la ville vit aujourd’hui du tourisme.  Pour digérer notre copieux petit-déjeuner nous la traverserons à pied et tenterons vainement d’apercevoir, au large, les loutres de mer tant appréciées de Catherine.  Inutile de préciser que les prix pratiqués sont prohibitifs et l’entrée à l’aquarium flirte avec les 40€/pers et l’heure de parking en centre-ville n’a rien à lui envier… 

IMG_1699

IMG_1715

IMG_1704

IMG_1705

IMG_1728

Les surfeurs se donnent rendez-vous à la sortie de la ville au plus grand plaisir des touristes et photographes.

IMG_1798

IMG_1771

IMG_1754

IMG_1756

IMG_1758

IMG_1782

 

 

IMG_1759

IMG_1772

 

Après une balade d’environ 2 heures nous reprenons la route en direction de « Pacific Grove ».  Nouvel exemple de la préparation pointilleuse de Dame Catherine.  En effet, il y a fort à parier que si vous suivez les itinéraires conseillés par les agences et leurs « Roads books » chers et vilains pour analphabètes alors vous passerez à côté d’une curiosité Locale pour le moins surprenante, « The monarch grove sanctuary ».  Les amateurs de nature sauront directement de quoi je parle mais pour les autres, qui sait ce qu’est un « Monarque » ?  Il s’agit d’un papillon migrateur se déplaçant en groupes de millions d’individus sur plus de 4000 km.  Durant leurs périples ils font étape aux mêmes endroits, année après année, génération après génération.  Leurs points de chutes sont de grands arbres comme des pins, des cyprès ou des eucalyptus.  A l’instar des baleines, des saumons ou de nombreux oiseaux, ils empruntent invariablement les mêmes routes aux mêmes moments de l’année.  Une récente étude nous révèle qu’ils s’orientent grâce à la position du soleil et au champ magnétique de la terre.  Ils parcourent près de 200 miles par jour et mettent plusieurs mois pour atteindre leur destination.  Pour passer la nuit en toute sécurité, ils se regroupent à bonne hauteur dans leurs arbres favoris, profitant des derniers rayons du soleil couchant. 

IMG_1815

IMG_1828

IMG_1823

Le sanctuaire de « Pacific Grove » se situe en bordure de ville, derrière une petite école primaire.  Pour y accéder nous empruntons un petit passage entre une habitation privée et une grande haie.  Les lieux sont seulement indiqués par une petite pancarte en bois peinte.  On n’y arrive donc pas par hasard et il nous fallut faire preuve de persévérance pour le trouver.  Il faut dire que nous tenions à ne pas rater le spectacle car celui-ci ne dure que quelques jours et nous avons l’immense plaisir d’être au rendez-vous.  L’œil de sioux de Catherine nous a bien servi.  L’éphémèrité du phénomène attire passionnés et protecteurs en tout genre.  Le premier samedi d’octobre, l’école de Pacific Grove tient sa « Butterfly Parade ».  Déguisés en papillon, élèves et professeurs célèbrent le retour des Monarques. 

Butterfly parade Pacific Grove

A première vue on ne remarque rien, mis à part quelques spécimens virevoltants d’arbres en arbres.  Un membre du comité de protection du sanctuaire de Pacific Grove, muni d’une longue vue sur pied nous ouvrira les yeux sur ce que la magie du camouflage nous cachait.  Des grappes immenses de plusieurs milliers d’individus pendent à gauche à droite.  Pour se protéger des oiseaux, les monarques ont développé un poison qui tuerait instantanément le moindre gourmand. 

IMG_1830

IMG_1816

IMG_1820

IMG_1819

IMG_1847

Après ce moment unique et privilégié, c’est à regret que nous quittons Pacific Grove ; charmante bourgade victorienne parsemée de splendides demeures en bois colorées.                             

IMG_1854

IMG_1861

IMG_1863

Nous mettons le cap sur « Carmel ».

Cette partie de la côte a été prise d’assaut par des millionnaires voire même milliardaires.  Nous avons le choix entre un petit détour ou une route payante car privée qui coupe au court, la « 17-Mile Drive ».  En effet, les richissimes américains y habitant ont même acheté la route uniquement bordées d’immenses propriétés et de golf.  Vous aurez compris que, plus attirés par les constructions de « Dame nature » que par celles de l’homme, nous éviterons la « 17-Mile Drive ».

IMG_1868

IMG_1874

IMG_1878

Carmel est une ravissante localité de 4000 habitants.  Fondée en 1902 par des artistes, elle est toujours fréquentée par ceux-ci.  De nombreuses galeries d’art se partagent les rues avec des boutiques de luxe. 

IMG_1880

IMG_1890

Très touristique les prix s’en ressentent une fois de plus et, les discrètes agences immobilières illustrant leurs propriétés par des peintures réalistes au lieu de photos, nous apprendront que, pour une petite habitation sans prétention en centre-ville, vous devrez envisager une dépense avoisinant le million de dollars mais, si vous désirez une demeure plus spacieuse, sans voisin proche et en bordure d’océan alors il vous faudra prévoir un strict minimum de 10 millions de dollars.  Outre le célèbre Jack London, Carmel est également connue pour avoir eu comme maire un certain « Clint Eastwood » de 1986 à 1988.  Autre particularité de la ville, une loi locale a décrété que les feux de signalisation étaient très laids et ont donc été bannis.  Seuls les stops gèrent les carrefours.  Les boîtes aux lettres étant, elles aussi, considérées comme laides et ne s’inscrivant pas dans le paysage y ont été interdites.  Les habitants se rendent ainsi régulièrement au bureau de poste pour aller chercher leur courrier.  Une autre loi très locale également vise à protéger les arbres.  C’est ainsi qu’il est formellement interdit de couper la moindre pousse et si vous êtes attentif vous constaterez que, comme souvent aux USA, on ne rigole pas avec la loi et plusieurs barrières ont ainsi été découpées pour permettre aux branches de s'épanouir en toute liberté…

IMG_1900

IMG_1902

IMG_1901

Après une agréable promenade en ville en dégustant une pâtisserie locale et en nous plaisant à imaginer y passer une paisible retraite, nous avons rejoint notre fameuse « Pacific Highway 1 ».  A cet endroit, la route est la plus proche de la côte en bord de falaise.  A plusieurs reprises nous stopperons pour escalader quelques rochers s’avançant dans l’océan en espérant voir une petite troupe de loutres de mer.  Notre obstination sera finalement récompensée même s’il me faudra utiliser mon plus gros zoom pour vaguement distinguer « les petits bouchons » flottant au milieu d’une forêt de kelp en cassant des coquillages sur leur petit bidou …

IMG_1927

IMG_1954

IMG_1960

Pour éviter un trop grand détour à la construction de la route, plusieurs ponts sont accrochés entre deux avancées rocheuses. 

IMG_1979

IMG_1981

IMG_1985

Certains tournants sont équipés d’une petite barrière de protection mais cela reste une minorité. Depuis le début de notre séjour, nous n’avons jamais été pressés par le temps si ce n’est lors de notre correspondance à « JFK »… (Voir chapitre : « Destination : « Los Angeles » )  Durant cette journée, nous avons particulièrement flâné et, finalement, peu avancé.  Doucement le soleil se couche et nous avons encore environ 150km à parcourir.  Le trajet très sinueux en bordure de falaise et dans l’obscurité sera assez éprouvant pour Catherine et France qui, à plusieurs reprises, crieront comme dans une montagne russe en nous imaginant plonger et exploser en nous fracassant sur les rochers…  Vous voyez l’image typique des films Hollywoodiens ?

Accident falaise

Bref aperçu de la situation avant qu'il ne fasse trop sombre :

https://www.facebook.com/video.php?v=10205700015729173&set=vb.1518488125&type=2&theater

Après plus de deux heures de route c’est sains et saufs et avec un grand soulagement que nous arrivons à San Simeon au « Sands by the Sea ».  Les lieux n’ont rien de particulier mais l’hôtel est sympathique à l’image de l’accueillante patronne.  San Simeon est construit de part et d’autre de la route et vit uniquement de son éloignement de toute ville digne de ce nom ce qui en fait une halte de choix pour les usagers de la Highway 1.  D’ailleurs, ici, vous ne trouverez que des hôtels, restaurants, petits magasins et pompes essence.  Nous choisirons le Manta Rey.  Une fois de plus nous mangerons finement pour pas grand-chose.  Catherine et moi avons commandé d’exquis linguini aux palourdes sauce crème et vin blanc, quant à France un penne carbonara.  C’est simple mais des pâtes fraîches, des coquillages parfaitement cuits, un assaisonnement idéal et une sauce juste parfaite pour un plat entre 8 et 9€ nous font dire que certains commerces s’en mettent plein les poches quand ils nous servent un spaghetti bolo pour 13€…

Demain, nous poursuivrons la Highway 1 pour boucler la boucle et rejoindre Los Angeles… à suivre.