Grand Canyon
Disposant encore de biscuits et cookies de la veille nous avons pris le petit déjeuner dans la chambre en nous faisant un petit café.
Soixante miles (100 km) avant l’entrée du « Grand Canyon Park » nous passons devant un parc animalier de réhabilitation de la faune locale.
N'oubliez pas que nous sommes en période d'Haloween et ici on ne badine pas avec cette tradition alors toute les maisons, des plus petites aux plus grosses, tous les musées, magasins, écoles, bâtiments publics,etc etc etc doivent être à la sauce potiron et vampires...
Un peu comme à « Aywaille », la première partie est un safari où notre véhicule passera d’enclos en enclos à la rencontre des « Rocky mountain goats » (chèvres des montagnes),
« American bison or Buffalo »,
« Wolves » (loups d’Alaska et Arctiques),
« junior black bears »
et « adult black bears » (ours noirs).
La visite fut commentée grâce à un boitier reçu à l’entrée s’activant automatiquement dans chaque enclos sur le 103.1 de notre autoradio.
C’est à pied que nous parcourrons le reste du parc où nous croiserons un porc-épic perché dans un arbre,
un castor endormi dans sa litière, Isaac et Louie deux frères loutres de rivière très jouettes, deux lynx, des bébés ours noirs, moufettes et autres opossums, renards et blaireaux américains.
Pour éviter de devoir faire le plein dans des endroits trop touristiques, nous avions décidé de faire un petit détour de 2-3 miles par la petite ville de « Williams ». Bien que très (parfois trop, mais il ne faut pas le lui dire…) documentée, Catherine n’avait pas noté cet arrêt dans notre programme.
Le hasard fait parfois bien les choses car cette petite ville est encore traversée par une portion de la mythique « Route 66 ».
Les échoppes, saloons, steakhouses et autres curiosités semblent figées dans le siècle passé.
Vidéo d'ambiance : https://www.facebook.com/video.php?v=10204967069005963&set=vb.1518488125&type=2&theater
De nature très fière et soucieux de conserver l’esprit Far West, les habitants de Williams sont enclins à jouer voire à surjouer à certains moments… C’est ainsi qu’en prenant quelques photos, un homme se donnant des airs de John Wayne du 21ème siècle s’est approché de nous pour nous demander ce que nous faisions. Catherine lui répondit en riant que nous prenions des clichés de quelques bâtiments westerns. Il rétorqua qu’il pensait que c’était lui que nous prenions plutôt en photo. J’avoue que l’ayant eu une fois dans mon champ de vision, je trouvais qu’il rentrait parfaitement dans le décor et avais continué à le cadrer…il n’avait donc pas vraiment tort… Moi je le savais mais Catherine pas, alors je la laissais jouer l’innocente et l’entendit lui répondre que ce n’était pas le cas mais que s’il était le shérif du comté, elle voulait bien en prendre une de lui devant la prison… Il se mit à rire franchement et tourna les éperons en nous souhaitant une bonne fin de journée.
Plus loin, mon attention fut attirée par un saloon où deux gars jouaient à un drôle de jeu. Je suis donc rentré et n’ai pris aucun risque en allant directement voir la patronne et les joueurs pour demander si je pouvais tirer quelques clichés. J’ai également demandé les règles du jeu et, pour info, c’est Jack avec les rouges qui mène la partie… En gros, il s’agit d’un mélange entre la pétanque et le curling mais sur une piste en bois d’environ 4-5 mètres sur une cinquantaine de centimètres de large. Le premier fait glisser son pion dans une zone à 1, 2 ou 3 points selon sa précision et l’adversaire doit l’en déloger. Dans l’autre sens c’est l’inverse…
Nous achèterons des cartes postales pour les amies de France dans un magasin entièrement dédié à la «Mother Road» et prendrons encore quelques photos de cette charmante bourgade avant de reprendre notre route vers « Grand Canyon ».
A quelques encablures de l’entrée du Grand Canyon, notre GPS nous emmena sur un sentier à travers bois…après plus de 6 miles sur un terrain très accidenté, nous avons abouti en plein cul de sac juste après avoir traversé des rails en pleine nature et pénétré en réserve havasupai… Nous avons donc fait demi-tour malgré les invectives de notre GPS nous ordonnant "Please, make a U-turn" et avons repris notre route initiale. 3 miles plus loin nous arrivions aux guichets d’entrée du « Grand Canyon Park ». A partir de là, nous avons commencé à avoir un doute sur les choix de notre GPS…
Un grand Ranger tout sourire nous propose de nous acquitter de 25$ pour avoir accès au site. Je lui demande s’il serait plutôt possible de prendre l’abonnement d’un an à tous les grands parcs américains (Agency Pass America the Beautiful). Etonné et fier, il me dit que c’est une excellente idée et que nous ne serons pas déçus de nos visites. Même si l’abonnement d’un an semble exagéré à première vue, il faut savoir que cela revient à 80$ par véhicule et que nous allons faire au moins 5 grands parcs…le calcul était donc vite fait !
Le site du « Grand Canyon » est, comparativement aux autres endroits où nous sommes passés jusqu’à présent, nettement moins bien signalé. Heureusement que Catherine a encore fait appel à son remarquable sens de l’orientation car si j’avais été seul, je crois que nous tournerions encore… Après avoir fait un petit tour dans le village, et oui l’intérieur du parc est, à notre grande surprise, habité et on y retrouve églises, écoles et habitations privées, nous nous sommes rendus au « Yavasupai Point». Avant d’y arriver, nous avons fait une chouette rencontre. Un petit groupe de biches et cerfs en train de brouter paisiblement sur le bord de route.
Petite vidéo de Bambi and Cie :
https://www.facebook.com/video.php?v=10204967035525126&set=vb.1518488125&type=2&theater
Le premier coup d’œil sur le Canyon est époustouflant. Le soleil couchant nous offre une luminosité exceptionnelle pour admirer l’immense faille, hérissée de pitons majestueux, au fond de laquelle coule les eaux chargées de limon du fleuve Colorado.
L’une des sept merveilles naturelles au monde, le Grand Canyon est une formation géologique unique qui s’étend du sud de l’Utah au nord de l’Arizona. On peut y lire les deux cinquièmes de l’histoire de la Terre. La couche la plus ancienne au fond du Canyon remonte à 1,8 milliards d’années tandis que la rive sur laquelle nous nous tenons date « seulement » de 5 millions d’années.
Quelques chiffres :
Le fleuve Colorado sinue sur près de 445 km. Le Canyon peut atteindre 1.829 m de profondeur pour une largeur maximale de 29 km. Les différences d’altitude considérables abritent 5 des 7 grandes zones climatiques du globe.
Notre volonté d’éviter juillet/août, période de grosse affluence, nous permet de partager cette expérience avec très peu de visiteurs. Mis à part un car de Japonais que nous laisserons au parking, nous y verrons quelques personnes en méditation, une famille de Français et une vingtaine d’américains dont une majorité de retraités venus profiter de la beauté des lieux.
La nuit tombante et le vent glacial d’automne nous forcent à quitter les lieux pour nous rendre au check-in de l’hôtel. Une fois de plus, un très bon choix ! Je me répète mais bravo Catherine. Les petits bungalows du « Yavapai Lodge » sont disséminés dans le bush entre le village et les points panoramiques principaux. Avant de nous installer nous irons manger au restaurant du premier hôtel ayant vu le jour sur le site, d’abord avec quelques tentes puis un gros chalet de style « pionnier». Nous étions pourtant prévenus, les quantités aux Etats-Unis sont au moins deux fois supérieures à celles que nous connaissons en Europe. De plus, la coutume veut que le choix de l’entrée soit généralement un choix pour la table que plusieurs convives partageront. Cela veut dire que lorsque vous commandez l’entrée, on vous la sert au centre de la table avec une assiette et des couverts pour tous et tout le monde pique dedans… Ceci implique que l’entrée servie soit conséquente afin que tout le monde en profite. Nous le savions mais l’avions complètement oublié… Résultat, nous avions commandé 3 entrées qui se sont succédées au centre de la table avant que notre énorme steak viennent nous achever. Mis à part France qui n’a pratiquement pas touché à son plat, Catherine et moi lui avons fait honneur. Nous avons tous beaucoup ri et sommes ensuite partis à la recherche de notre bungalow. Comme je l’ai précédemment signalé, les directions sont assez mal renseignées et c’est avec un peu de bon sens et beaucoup de chance que nous avons trouvé notre studio dans la nuit noire. Pendant que je déchargeais les valises, un couple d’une bonne soixantaine d’année m’a accosté pour me demander son chemin. Ils m’ont expliqué que cela faisait un petit temps qu’ils tournaient en rond et que la dame fatiguait alors si je pouvais les emmener en voiture jusqu’à leur chambre ils m’en seraient très reconnaissants. Ce que je fis sans la moindre hésitation. J’appris par la suite qu’ils voyageaient à bord d’un car de tourisme. Nous avons pu constater en effet que nombre de retraités américains (eux, ils ont le temps…) aiment à visiter leur pays et avalent des miles à bord de mobil homes tractant voiture, buggy ou encore moto… Avec uniquement deux semaines de congés payés par an (et encore, il est vraiment bien vu de les laisser tomber…), la population active des US peut difficilement se le permettre…
Le lendemain matin, nous nous levons aux aurores afin de profiter du lever de soleil sur « Mather point »; autre point de vue mémorable sur le Canyon.
Alors que je prenais une photo, France remarqua une boule de poils a à peine un mètre de moi. Un petit écureuil gris se prélassait au soleil sur un rocher. A l’instar des coatis rencontrés au Mexique, ils semblent familiarisés à la présence humaine et de ce fait, peu farouches.
Pendant que France jouait à cache-cache avec son écureuil baptisé « Chouchou » Catherine blablatait avec une mamy Américaine qui, comme beaucoup, entamait la discussion en nous entendant parler Français. Nous parlons souvent du « rêve américain » et eux du « rêve européen » et surtout de Paris et de Venise.
Ensuite, nous nous baladerons le long de la faille pour profiter de la splendeur des lieux et de la sérénité qui s’en dégage. Durant de longues minutes, nous serons tantôt photographes, tantôt sujets, tantôt simples spectateurs.
Depuis notre départ, la pile de ma montre nous a abandonné. Afin de profiter au maximum de notre voyage nous n’avons pas jugé utile de la remplacer. Aujourd’hui, nous avons failli le regretter amèrement. En effet, nous étions attendus à neuf heures précises à « Grand Canyon Airport » pour un survol du célèbre Gouffre en hélicoptère. D’un pas soutenu nous rejoignons notre SUV où le GPS nous indique une arrivée à 9h30 et l’horloge du tableau de bord affiche 8h50. Notre baptême en hélicoptère semble compromis ! Au premier carrefour, notre subtile GPS nous demande de prendre à droite. Catherine réagit de suite : « Mais qu’est-elle raconte encore cette idiote ! Je suis certaine que c’est à gauche. ». N’ayant manifestement pas encore capté que nous avions plus intérêt à faire confiance à minou plutôt qu’à cette stupide machine je répondis : « Désolé minou mais je ne vais pas prendre une route dans un endroit que tu ne connais pas simplement sur base de ton intuition. ». Pas compliquée, Pluche rétorqua : « Comme tu veux mon chéri mais moi je te dis que c’est dans l’autre sens et que nous sommes juste à côté de l’aéroport. ».Têtu, je continuai ma route. A peine deux minutes plus tard, me rendant compte que mon GPS battait le beurre je fis demi-tour et osai timidement une question : « Heu…peux-tu me guider mon petit cœur ? ». L’air ironique, petit sourire en coin le nez légèrement relevé elle chuchota : « Ha ! Aurais-tu besoin de mon intuition maintenant ? ». N’attendant pas l’unique réponse possible à cette question elle enchaîna : « D’après moi, c’est 3-4 miles plus loin et on est dans les temps. ». Sans un mot, je suivis ses instructions et, sans surprise aucune, nous arrivâmes à bon port. Après bientôt 19 ans et maintes expériences il serait peut-être temps que je comprenne que minou est bien plus sûre que Tom Tom ou Garmin.
Le check-in à l’héliport dura 2minutes. A tour de rôle, nous serons pesés afin, je suppose, de répartir nos poids dans l’appareil. Nous assisterons ensuite à la projection d’un film reprenant les consignes de sécurité. En attendant notre vol, une timide adolescente se fera enguirlander à cause de France. En effet, France qui hésite rarement à exercer son anglais s’adressa à un monsieur en travers de sa route. L’homme s’excusa et se retourna vers sa fille en disant : «Tu vois, la petite fille elle n’a pas peur de parler anglais elle ! ». Tout comme nous, ce couple de Français, accompagné de leur fille visitait l’Ouest américain. Ils prendront place à nos côtés dans pour la balade. A l’heure actuelle on se demande encore pourquoi nous avons été obligés de nous munir d’un gilet de sauvetage pour survoler une zone aride !
France et Catherine auront la chance de prendre place à coté de Roger, notre pilote.
Après un décollage en douceur, l’hélicoptère piqua légèrement du nez avant une vive accélération qui nous emmena rapidement à une centaine de mètres dans les airs. Pendant que nous traversions le « bush » entourant le Grand Canyon, nous fîmes connaissance avec Roger qui nous proposa gentiment de profiter des explications en français sur la formation du G.C.
Munis de casques, nous ne serons nullement dérangés par l’atmosphère bruyante de l’habitacle. Bien au contraire, c’est sur un fond de musique relaxante ("Now you are free" de Gladiator ou encore, "Oxygène" de Jean-Michel Jarre, …) que nous survolerons en douceur la 7ème merveille naturelle du monde. La sensation de bien-être et l’émotion particulière qui en découlent est impossible à coucher sur papier. J’espère que les petites vidéos et quelques photos ci-dessous vous ferons ressentir une once de ce que l’on a vécu. La découverte du G.C. à la façon du vol plané de l’aigle est incontestablement la meilleure manière d’en retirer toute sa magnificence.
Vidéos : https://www.facebook.com/video.php?v=10204967045325371&set=vb.1518488125&type=2&theater
Photos :
De retour sur terre, nous nous accorderons tous à dire que, sans cette expérience, nous aurions vraiment raté quelque chose.
En route vers «Monument valley » et « Lake Powell », nous resterons silencieux de nombreux miles durant, submergés par nos émotions… à suivre…